Tourisme : la France face à une recomposition du marché mondial en 2025

La France a perdu son premier rang de destination mondiale.
Les raisons du déclin / Quelles perspectives d’avenir ?

 

Paris (AFP) – « La France n’est plus le leader mondial du tourisme » et perd des parts de marché dans un secteur de plus en plus concurrentiel, a déploré le 3 juillet 2025 à l’AFP Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme

La perte d’un leadership mondial en recettes touristiques ne traduit pas un effondrement, mais plutôt la montée en puissance de concurrents qui captent une part plus importante des dépenses. La France reste l’une des destinations les plus attractives au monde et conserve des fondamentaux solides.

Cependant en 2025,  la France a connu une forme de déclin du tourisme, sous l’effet conjugué de l’incertitude économique mondiale, de la hausse du coût des voyages, de l’évolution des préférences des voyageurs et de la concurrence accrue d’autres destinations. Des facteurs économiques tels que la hausse des prix de l’hébergement et des billets d’avion ont contraint de nombreux visiteurs potentiels, notamment en provenance des États-Unis et d’Europe, à reconsidérer leurs projets de voyage, optant souvent pour des destinations plus proches ou plus abordables.

Cette tendance a entraîné une réduction significative des réservations touristiques, ce qui conduit à prévoir une baisse de 5 à 7 % des recettes touristiques pour les pays d’Europe, y compris la France, qui dépendaient auparavant fortement du tourisme pour leur stabilité économique.

L’impact de ce ralentissement économique a été profond, notamment dans les régions de France où les économies locales dépendent fortement des dépenses touristiques. Le tourisme représentant environ 9 à 10 % du PIB français avant la pandémie, ce récent déclin suscite de vives inquiétudes pour les entreprises locales, l’emploi et la santé économique globale.

Simultanément, ce changement de comportement en matière de voyage a entraîné des séjours plus courts et une diminution des dépenses des visiteurs, exacerbant ainsi la pression économique sur les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme.

De plus, la concurrence d’autres destinations qui offrent des options de voyage plus attractives et durables a encore davantage mis à mal la part de marché de la France dans le tourisme mondial.

Face à ces défis, le gouvernement français a mis en œuvre diverses mesures visant à revitaliser le secteur du tourisme. Des initiatives telles que « Destination France », dotée d’un budget de 1,9 milliard d’euros, visent à améliorer l’expérience des visiteurs et à réguler les flux touristiques dans les zones touristiques afin de répondre aux préoccupations des habitants.

Le soutien aux start-ups qui proposent des solutions innovantes pour gérer plus efficacement le tourisme, ainsi que des investissements importants dans les biens culturels, reflètent la volonté du gouvernement de redonner à la France sa place de destination touristique de premier plan.

À l’avenir, les prévisions économiques du World Travel & Tourism Council prévoient une reprise, avec une contribution prévue de 274,2 milliards d’euros au PIB national qui soutiendront environ 3,1 millions d’emplois dans le secteur d’ici 2026 (+300.000 emplois depuis 2019)

Les Raisons du déclin du tourisme en 2025

Le déclin dans ce classement en 2025 peut être attribué à plusieurs facteurs interdépendants affectant à la fois la France et le paysage touristique européen au sens large.

Une incertitude économique globale

L’une des principales raisons du ralentissement du tourisme est l’incertitude économique croissante à l’échelle mondiale. Face à la hausse des prix des voyages et de l’hébergement, de nombreux voyageurs réévaluent leurs projets de vacances d’été. Ce changement est particulièrement marqué chez les voyageurs internationaux, notamment ceux des États-Unis et d’Europe, qui optent pour des destinations plus proches ou plus abordables.

La pression financière sur les ménages a conduit à prévoir une baisse de 5 à 7 % des revenus du tourisme en Italie pour 2025, et des tendances similaires sont observées en Espagne et en Thaïlande, qui connaissent également des réductions importantes des réservations touristiques.

L’augmentation des coûts et réduction des dépenses & le changement de comportement des touristes

La hausse des coûts liés aux voyages, comme les billets d’avion et l’hébergement, a dissuadé les visiteurs potentiels. Par exemple, les compagnies aériennes constatent une baisse des réservations, certaines liaisons vers des destinations européennes subissant d’importantes annulations en raison d’une baisse de la demande.

Alors que les voyageurs resserrent leurs budgets, les secteurs du tourisme de luxe et du tourisme économique sont confrontés à des défis, les consommateurs privilégiant de plus en plus les destinations offrant un meilleur rapport qualité-prix.

Cette tendance a entraîné des séjours plus courts et une réduction des dépenses des touristes, ce qui a encore plus d’impact sur les avantages économiques traditionnellement associés aux voyages.

L’abandon des vacances d’été internationales a des conséquences plus vastes sur l’économie du tourisme. Face à ces changements, des pays comme l’Italie, l’Espagne et la Thaïlande sont contraints de s’adapter en promouvant le tourisme local et les pratiques durables pour attirer un nouveau type de voyageurs. Par exemple, les organismes touristiques privilégient désormais les séjours de courte durée, les forfaits à prix réduits et les incitations au tourisme national pour soutenir le secteur face à la baisse du nombre de visiteurs internationaux.

L’hôtellerie de plein air, qui représente plus de 140 millions de nuitées annuelles en France, n’échappe pas à cette évolution. Si elle conserve une image de destination économique et familiale, elle subit une pression accrue sur les prix, la durée moyenne des séjours et la fréquentation étrangère. De nombreux campings enregistrent un recul sensible des clientèles internationales, notamment néerlandaises, allemandes ou britanniques, traditionnellement fidèles à cette forme de tourisme. Dans certaines régions littorales et rurales, la baisse de fréquentation fragilise l’équilibre économique de sites où l’HPA constitue souvent la première offre d’hébergement touristique.

L’ultra-concurrence et les défis du marché

Outre les évolutions économiques et comportementales, la France est confrontée à une concurrence féroce de la part d’autres destinations touristiques, mieux placées pour attirer les voyageurs. L’accent étant mis sur la durabilité et la qualité, de nombreux touristes se tournent vers des alternatives offrant des expériences uniques à moindre coût. Cette concurrence, combinée aux défis liés à la hausse des coûts opérationnels dans le secteur de l’hôtellerie, a entraîné une baisse de parts de marché pour les hauts lieux touristiques traditionnels en France.

L’impact du déclin du tourisme

Le déclin du tourisme en France et dans d’autres destinations européennes a des répercussions économiques importantes, notamment dans les régions fortement dépendantes des dépenses touristiques. Alors que le tourisme représentait environ 9 à 10 % du PIB français avant la pandémie, le récent ralentissement économique suscite des inquiétudes quant à la pérennité des économies locales et des niveaux d’emploi.

La baisse prévue de 5 à 7 % des recettes touristiques en Italie et une baisse prévue de 10 à 15 % pour la Thaïlande d’ici 2025 illustrent les défis plus vastes auxquels sont confrontées les nations dépendantes du tourisme.

Les conséquences économiques :

Avec la baisse du nombre de touristes internationaux, les entreprises locales, les hôtels, les restaurants et les voyagistes subissent des pertes financières considérables. Par exemple, le secteur hôtelier a enregistré une baisse des réservations allant jusqu’à 30 % dans certaines régions touristiques prisées.

Au-delà du volume de visiteurs, c’est aussi le panier moyen par touriste qui influe sur la position de la France dans le classement mondial. En 2025, les voyageurs dépensent en moyenne moins lors de leur séjour en France que dans certaines destinations concurrentes, notamment en raison d’une offre plus diversifiée de courts séjours et d’hébergements abordables. Ce phénomène explique en partie pourquoi la France, malgré un nombre de visiteurs toujours très élevé, cède du terrain en matière de recettes globales : les pays misant sur des séjours plus longs ou à forte valeur ajoutée captent une part plus importante des dépenses internationales.

Des changements dans le comportement des voyageurs

Le climat économique actuel a incité de nombreux voyageurs à réévaluer leurs projets de vacances, avec un changement marqué vers des destinations plus proches ou des séjours domestiques au lieu de voyages long-courriers.

Cette tendance reflète un sentiment croissant selon lequel les vacances d’été deviennent moins prioritaires, influencées par la hausse des prix des billets d’avion et l’incertitude économique générale.

Par conséquent, le modèle de voyage typique des visiteurs, caractérisé par des séjours plus courts et des dépenses réduites, diminue encore davantage les avantages économiques potentiels que le tourisme pourrait offrir.

De nouvelles mesures pour remédier à la situation

Face aux défis auxquels est confronté le secteur du tourisme en France, plusieurs nouvelles mesures ont été mises en place pour relancer et soutenir l’industrie. Suite aux impacts importants de la pandémie de COVID-19, le gouvernement français a lancé des initiatives visant à revitaliser le tourisme et à améliorer l’expérience globale des visiteurs.

Le secteur de l’hôtellerie de plein air pourrait pourtant devenir un levier stratégique de relance. Par sa capacité à mailler le territoire, à proposer des hébergements sobres en carbone et à diversifier l’offre en lien avec les terroirs, il répond à la demande croissante d’un tourisme plus responsable, authentique et accessible. La modernisation des équipements, l’extension des saisons grâce à de nouveaux usages (tiny houses, coworking en nature, offres bien-être) et l’intégration des campings dans les itinéraires de slow-tourisme constituent autant de pistes à soutenir dans le cadre du plan « Destination France ». Un accompagnement renforcé de ces acteurs de proximité, souvent des TPE/PME, pourrait contribuer à réancrer le tourisme français dans ses territoires, tout en répondant aux aspirations des voyageurs d’aujourd’hui.

Des initiatives gouvernementales

L’un des programmes phares est « Destination France », lancé par le président Emmanuel Macron en 2021 et doté d’un budget de 1,9 milliard d’euros. Cette initiative vise à revitaliser le secteur touristique après les effets dévastateurs de la pandémie et à consolider la position du pays comme destination touristique de premier plan.

Par ailleurs, le gouvernement français met en œuvre des mesures pour mieux réguler les flux touristiques et soutenir les collectivités locales confrontées à une forte augmentation du nombre de visiteurs, répondant ainsi aux préoccupations croissantes des habitants des zones très populaires.

Un soutien aux startups

Le gouvernement a également lancé des initiatives pour soutenir les startups qui développent des outils permettant de gérer plus efficacement les flux touristiques. Par exemple, le système Affluences fournit des données en temps réel pour aider les touristes à éviter les zones très fréquentées, améliorant ainsi la satisfaction des visiteurs tout en allégeant la pression sur les communautés locales.

Des investissements culturels

Dans le cadre de cette stratégie plus large, la France continue d’investir dans son patrimoine culturel, soulignant l’importance de son patrimoine culinaire et artistique. De nouveaux centres culturels, comme la Cité internationale de la gastronomie et du vin à Dijon, ont ouvert en 2024, témoignant de l’engagement du gouvernement à promouvoir le tourisme culturel aux côtés d’événements majeurs comme les Jeux olympiques de Paris 2024 et la Coupe du monde de rugby en 2023.

Des prévisions économiques d’avenir ?

À l’avenir, le World Travel & Tourism Council (WTTC) prévoit que l’industrie touristique française connaîtra une croissance, contribuant à hauteur de 274,2 milliards d’euros au PIB national d’ici 2026 et créant ou solidifiant environ 3,1 millions d’emplois dans le secteur.

Ces prévisions soulignent le rôle majeur du tourisme dans l’économie française et l’efficacité des mesures mises en place pour atténuer le déclin et encourager la croissance.

Perspectives

Le recul dans ce classement de la France en 2025, bien qu’inquiétant, agit comme un révélateur des fragilités structurelles d’un secteur longtemps considéré comme un acquis national. La convergence de facteurs économiques mondiaux, de changements comportementaux des voyageurs et de la montée en puissance de destinations concurrentes rappelle que l’attractivité touristique ne se décrète pas, elle se cultive et se réinvente en permanence.

Les réponses apportées par l’État français – qu’il s’agisse du plan « Destination France », du soutien aux innovations technologiques ou des investissements dans le patrimoine culturel – témoignent d’une volonté de redressement à la fois pragmatique et ambitieuse. Cependant, leur efficacité ne pourra être mesurée qu’à l’aune du temps et de la capacité à adapter l’offre touristique aux attentes évolutives des visiteurs, notamment en matière de durabilité, d’authenticité et d’accessibilité.

Cette réinvention du tourisme français ne saurait faire l’impasse sur les acteurs de l’hébergement de plein air, qui, bien que souvent perçus comme traditionnels, incarnent une forme d’innovation silencieuse, territoriale et durable. En les intégrant pleinement aux stratégies nationales, la France pourrait renouer avec une offre touristique plus équilibrée, cohérente, résiliente et respectueuse de l’évolution des valeurs nouvelles de notre société (éco-tourisme, slow tourisme, tourisme durable…)

Au-delà des chiffres et des stratégies, la crise actuelle pose une question essentielle : quel tourisme voulons-nous pour demain ? Si la France veut reconquérir son leadership, elle devra non seulement retrouver ses visiteurs, mais aussi redéfinir sa promesse : Un tourisme plus respectueux des territoires, plus innovant dans ses formes, et plus équilibré dans ses retombées économiques pourrait bien être la clé pour faire de cette crise une opportunité de transformation.

2 Responses

    1. Merci pour votre commentaire. Pour être plus précis c’est un déclin dans le Top 5 des pays mondiaux en matière de recettes touristiques. La France reste le premier pays en nombre de visiteurs. Voici les chiffres concernant les Recettes touristiques internationales « En 2025, cette tendance se confirme : l’Espagne a engrangé environ 126 milliards d’euros de recettes touristiques, contre seulement 71 milliards pour la France. »
      Bilan synthétique
      Par le nombre de visiteurs, la France reste numéro 1 mondial.
      Par les revenus générés, elle a perdu son leadership, devancée par l’Espagne.

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