Réforme des retraites, retenues de substitution, nucléaire, sabotage SNCF et Palestine

Quels liens y a-t-il entre l’augmentation du SMIC, la réforme des retraites, les retenues de substitution, le nucléaire ou la Palestine ? C’est assez simple. Pour cela, reprenons les propos qu’Étienne Klein a tenus le 29 août 2022 lors des rencontres des entrepreneurs de France.
« Si je demande à mes amis pronucléaires pourquoi on met de l’uranium dans les centrales, et non de l’aluminium ou du krypton, ils ne savent pas. Si je demande à mes amis antinucléaires pourquoi on met de l’uranium dans les centrales nucléaires, ils ne savent pas non plus. C’est comme si le fait d’avoir une opinion tranchée sur le sujet dédouanait de l’obligation de s’instruire. Et dès lors qu’on se dédouane de l’obligation de s’instruire, les débats en cours deviennent des histoires d’affect, chacun aimant ou n’aimant pas telle forme d’énergie en fonction de son halo symbolique. »

Le fléau des confrontations stériles

Étienne Klein a insisté sur l’absolue nécessité de la connaissance lorsqu’on veut aborder des sujets complexes, comme le nucléaire et bien d’autres sujets de société. Tout le monde peut avoir son opinion sur tous les sujets, mais lorsqu’on prétend vouloir agir sur le monde, le préalable de la connaissance est requis. Or, depuis l’avènement des réseaux sociaux et une baisse sans précédent de la qualité de l’éducation et de l’instruction des enfants, on assiste à un effondrement massif de la connaissance, de la culture, du sens et de la valeur des choses, ainsi que du goût de l’effort. Ce phénomène n’est pas généralisé, mais il touche un large pan de notre société. Le drame, au-delà de dévier un nombre important de jeunes du bon chemin, c’est que cela impacte directement notre société en faisant le lit des populistes de tout poil. Nous l’avons vu avec le nucléaire, l’environnement, l’économie, l’écologie, la sécurité : les connaissances se limitent à quelques éléments, parfois biaisés, et la porte vers l’évolution de la connaissance se ferme. Pire encore peut-être, non confrontées aux vertus de l’action, les prises de position des uns et des autres s’exonèrent de l’indispensable humilité qui devrait animer chacun. On assiste alors à des confrontations stériles où l’on n’écoute pas ceux qui savent, ceux qui agissent. Soupe jetée sur des œuvres d’art, périphériques bloqués, manifestations violentes : les uns pestent et crèvent d’envie de distribuer des baffes, les autres se frottent les mains d’avoir à leur disposition autant de personnes prêtes à en découdre avec le pouvoir, conscients qu’ils sont, au fond, qu’ils ne risquent pas grand-chose. Ce matin, un tweet inquiétant d’un « Doctorant en économie comportementale/finance » qui prône dans sa bio Rationalité écologique, excès de confiance et heuristique. Tous les points de vue sont les miens. » m’a alerté et motivé à publier cet article.

Passer sous silence ce qui contredit

Le site d’autodéfense dont il parle relève des techniques de l’agitprop trotskiste, où l’on fournit aux militants un contre-argumentaire destiné à armer leur discours à des fins de propagande. Cela permet à ces individus d’être sûrs d’eux lors des discussions avec d’autres jeunes, en soirée, en famille, entre amis, devant les journalistes, la police ou des acteurs politiques. C’est ainsi que Mélenchon et ses premiers de cordée ont réussi à avancer; c’est de cette façon que l’Institut de la Boétie établit sa propagande, et nous en subissons tous les conséquences depuis au moins 2016, date à laquelle LFI s’est constituée, rassemblant autour des idées de JLM ceux qui ont trouvé en lui de quoi s’exonérer de la nécessité d’apprendre, de faire, d’expérimenter, préalable à tout essaimage de la bonne parole. Sans la nécessité d’un POC (terme bien connu dans le monde entrepreneurial, Proof of Concept), toutes les folies sont possibles. Mais revenons à notre doctorant et à son site d’autodéfense, dont l’objectif est de fournir un contre-argument à ceux avancés par, selon lui, des trolls. Dans l’exemple avancé à l’affirmation « Le Hamas est un mouvement terroriste« , le site propose de citer l’historien israélien Ilan Pappe, spécialiste de la Palestine, qui a consacré un chapitre de son livre « Les 10 légendes fondatrices d’Israël » à cette question et affirme que le Hamas est un groupe de résistance. Notre étudiant pratique le « cherry-picking », un « procédé de présentation des faits ou des données qui donnent du crédit à son opinion en passant sous silence les cas qui la contredisent ». Cela fera illusion, et les idées du Hamas se propagent, armant ainsi sur de nombreux campus et dans la rue en Occident une myriade d’individus dont la partialité des connaissances les autorise à tous les excès. Heureusement, des citoyens ne comptent pas leur temps pour tenter de rétablir la vérité, comme le fait @Beccah2Fois dans ce très bon post :

À qui profite le crime ?

Ces approches simplistes ont pour but de fédérer le plus grand nombre d’individus possible, ce qui présente plusieurs intérêts. Le premier, bien entendu, est d’augmenter les effectifs d’un parti politique, d’un mouvement militant, ou des défenseurs d’une cause, quelle qu’elle soit. Le second, moins avouable, est de donner à certains l’impression qu’ils sont en droit d’agir, même avec violence, pour faire pression. C’est ce qu’on observe lors des manifestations contre les bassines, dans la rue, dans les musées, dans les universités, ou sur les lignes de la SNCF, comme c’est le cas ce matin.

https://x.com/SNCFReseau/status/1816729449049546920

Au bord du précipice

Le troisième intérêt concerne cette fois des pays étrangers qui se réjouissent de voir l’Occident se déchirer. De vous à moi, cela fait des années maintenant que nous sommes plusieurs à alerter sur les risques majeurs auxquels notre société est confrontée. Le plus grand d’entre eux est, selon moi, la dégradation de certains piliers de notre civilisation. Il n’est pas trop tard, j’insiste, mais je crains que nous ne soyons au bord du précipice. Je pense au film « La Vague » de Dennis Gansel (2009), que mon fils aîné m’avait invité à voir après l’avoir lui-même étudié au lycée. Je ne dis pas que nous sommes confrontés à ce seul risque, mais que nous faisons face à des dangers majeurs, et que nous serions bien avisés de nous poser les bonnes questions au plus vite.

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