Il y a un vrai danger d’apocalypse à la Terminator si l’on combine IA et systèmes d’armes, jusqu’aux armes nucléaires. Nous sommes à un tournant. Trois menaces existent : le climat, les armes atomiques et la superintelligence. Elles atteignent leur pic en même temps. James Cameron
James Cameron, la clairvoyance d’un cinéaste dans la décennie des convergences
Il y a quelques jours, je suis tombé sur cette citation de James Cameron. Elle fait suite à un entretien que le cinéaste a donné à Rolling Stone pour la prochaine adaptation du film « Ghosts of Hiroshima » de Charles R. Pellegrino sur laquelle il travaille. Rien de surprenant à de telles pensées, direz-vous : en période de crise, notre époque regorge de déclarations alarmistes, d’avertissements solennels, d’appels à la vigilance. Pourtant, cette phrase-là m’a arrêté.
James Cameron n’est pas un prophète de plateau télé ni un polémiste du moment. C’est un créateur qui a donné à l’imaginaire collectif des visions entières du futur, parfois sombres, toujours incarnées. Derrière ses blockbusters, on trouve un homme sensible, attentif au pouls de l’humanité. Sa parole, lorsqu’elle quitte la fiction, porte une gravité particulière.
Trois menaces, un même horizon
Cameron évoque la combinaison inédite de trois périls : l’essor de l’intelligence artificielle appliquée aux armes, la persistance de l’arsenal nucléaire, et la crise climatique. Pris séparément, ces dossiers sont déjà vertigineux. Ensemble, ils composent un tableau plus inquiétant encore : une convergence de vulnérabilités dans une fenêtre de temps relativement courte.
En tant que prospectiviste, j’observe depuis plusieurs années que nos courbes de risque ne se superposent pas par hasard. L’IA militaire accélère à mesure que les tensions géopolitiques poussent à automatiser la dissuasion. Le climat, en franchissant des seuils irréversibles, multiplie les tensions sur les ressources et les flux migratoires, ce qui alimente les conflits. Dans cet environnement instable, la tentation de moderniser, voire d’abaisser le seuil d’emploi des armes nucléaires, gagne du terrain.
La fenêtre 2030-2040
Les modélisations que j’ai réalisées montrent que ces trois menaces pourraient atteindre simultanément des niveaux critiques entre 2030 et 2040. Non pas parce qu’un scénario hollywoodien l’exige, mais parce que les dynamiques actuelles — scientifiques, industrielles, politiques — convergent mathématiquement vers cette zone de recouvrement.
Cette synchronisation est le vrai sujet. Car les systèmes humains gèrent relativement bien une crise isolée, mais beaucoup moins trois crises systémiques qui interagissent et se renforcent.
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Le propos de Cameron — et le mien — n’est pas de nourrir la peur, mais d’inviter à la lucidité. Nous ne sommes pas condamnés à subir la décennie des trois feux. Mais l’époque réclame du courage politique, une gouvernance mondiale inventive, et la volonté collective de ralentir ou dévier certaines trajectoires.
Prendre du recul, c’est accepter de voir la “big picture” dans toute sa complexité : comprendre que le climat n’est pas un dossier environnemental isolé, que l’IA militaire n’est pas qu’une question d’éthique technologique, et que le nucléaire ne se résume pas à un héritage de la guerre froide. Ces trois dimensions se parlent, s’entraînent, se conditionnent mutuellement.
C’est ce regard systémique que nous devons diffuser, au-delà des cercles d’experts, si nous voulons que la fenêtre 2030-2040 soit celle d’un sursaut plutôt que d’un basculement.
