Si Tous les Ports du Monde réunit à Saint-Malo une conférence sur les mobilités durables : le nucléaire pourrait relancer l’hydrogène

La rencontre a réuni acteurs industriels et institutionnels pour faire le point sur les mobilités décarbonées et les perspectives offertes par l’hydrogène, notamment grâce au nucléaire.

Vendredi 26 septembre 2025 s’est tenue à Saint-Malo une conférence sur le thème du développement durable et des mobilités. Organisée par l’association internationale Si Tous les Ports du Monde, dont le siège est dans la cité corsaire, ce moment fort a permis de faire le point sur les engagements de Toyota Motor Europe et de Energy Observer en matière de réduction des émissions de GES1 du transport routier et maritime.

Si tous les Ports du Monde : un réseau d’échanges pour un monde en quête de sens

Fondée en 1997 à Saint-Malo sous l’impulsion de Loïc Frémont, directeur des Théâtres de Saint-Malo, l’association Si Tous les Ports du Monde (STLPDM) est née après la création d’un festival bisannuel2 célébrant les liens culturels, économiques et gastronomiques entre villes portuaires. De Cadix à Tokoname, en passant par Glasgow, Dublin, Gênes, Québec ou Abidjan, le réseau s’est étoffé pour devenir, dès 2003, une plateforme dynamique d’échanges entre acteurs économiques, culturels et sociaux. Aujourd’hui, STLPDM réunit des villes portuaires du monde entier. L’association organise des rencontres littéraires et cinématographiques, des concerts, des Summer Schools pour jeunes talents, des assemblées générales itinérantes, comme celle prévue à Saint-Malo les 7 et 8 novembre 2025, ainsi que des rencontres professionnelles, comme celle de ce 26 septembre.

Dans une période marquée par des tensions économiques, environnementales et politiques, Si Tous les Ports du Monde offre une prise de recul et de hauteur salutaire. En replaçant les ports – ces carrefours historiques du commerce et de l’acculturation – au cœur des échanges, l’association favorise un dialogue apaisé et constructif.

Loin des clivages idéologiques, elle mise sur la mutualisation des expériences et des savoirs pour tisser un récit commun, fidèle à l’héritage des peuples qui, par le commerce maritime, ont bâti des ponts entre cultures.

« La complexité du monde risque de nous amener à la démagogie et à l’immobilisme. »

Comme l’a souligné Michel Menny, trésorier et ancien directeur général de l’entreprise Seifel3, cette approche permet d’échapper à la démagogie et à l’immobilisme en ouvrant des perspectives concrètes et partagées.

Seiichiro Adachi, ancien président de Toyota Tsusho Europe SA & Toyota UK LTD, a de son côté introduit la conférence, dont les intervenants étaient Thiebault Pâquet, vice-président R&D et responsable de l’activité piles à combustible chez Toyota Motor Europe, qui a présenté les avancées du groupe sur les aspects de motorisation, et Laurent Gallois, directeur administratif et financier Toyota Tsusho Europe, a notamment présenté l’activité recyclage du groupe qui, via Radius Recycling, une filiale de Toyota Tsusho Corporation, dispose de plus de cent points de collecte dans le monde.

Thiebaut Paquet – vice-président recherche et développement Toyota Motor Europe

Victorien Erussard, d’Energy Observer, a de son côté présenté les dernières avancées et les derniers projets de son entreprise, plus particulièrement à l’horizon 2030 un porte-conteneurs de cent mètres de long pour quarante-deux mètres de large.

Un dossier Hydrogène qui pourrait bien connaître, grâce au nucléaire, un nouveau départ

Il faut rappeler que si l’hydrogène a été promu comme une « solution miracle » dans les années 2010-2020, les coûts élevés liés à sa production (électrolyseurs : 500-1 000 €/kW ; hydrogène bas-carbone : 4-6 €/kg) et les défis logistiques (stockage, transport) ont refroidi l’enthousiasme. Les critiques qualifient l’hydrogène de « bulle spéculative » ou de « subvention mal allouée », bien que les projets pilotes montrent des progrès. Malgré l’arrêt de quelques projets hydrogène (HYVIA et Stellantis), la recherche continue, comme en témoignent les projets de Toyota et d’Energy Observer, entre autres.

L’hydrogène gris domine aujourd’hui la production mondiale, tandis que l’hydrogène vert, obtenu par électrolyse alimentée par des énergies renouvelables, gagne en maturité malgré ses coûts élevés ; en complément, l’hydrogène rose, issu du nucléaire décarboné français, et l’hydrogène blanc naturel, avec le récent gisement colossal de 46 millions de tonnes découvert à Folschviller (Moselle) en 2025, offrent un fort potentiel pour optimiser l’excédent d’électricité nucléaire (30 TWh/an) et décarboner les transports maritimes, comme l’illustrent les innovations de Toyota et Energy Observer.
La France dispose d’un mix électrique parmi les plus décarbonés au monde (96-98 % d’électricité bas-carbone en 2024), grâce au nucléaire (67 % du mix, 361,7 TWh en 2024) et aux énergies renouvelables (EnR : 25-30 %, dont 16 GW solaire, 21 GW éolien et hydroélectricité). Cependant, le parc nucléaire (61,4 GW, 56 réacteurs + EPR Flamanville) fonctionne à un facteur de charge de 67-73 % en raison de maintenances (Grand Carénage, 49-51 milliards d’euros), de problèmes techniques (corrosion sous contrainte) et de modulations pour équilibrer le réseau face à l’intermittence des EnR. Ajoutons que la désindustrialisation impacte la consommation électrique, ce qui laisse des marges de progression.
Les ports, comme Saint-Malo, peuvent devenir des hubs pour l’hydrogène rose ou vert, soutenant des navires décarbonés (ex. : Energy Observer) et des industries locales, tout en s’inscrivant dans le réseau d’échanges culturels et économiques de STLPDM.
On le voit bien, en matière de recherche, rien n’est définitif.

  1. Les gaz à effet de serre sont des composants gazeux qui absorbent le rayonnement infrarouge émis par la surface terrestre et contribuent ainsi à l’effet de serre. L’augmentation de leur concentration dans l’atmosphère terrestre est l’un des facteurs à l’origine du changement climatique.[]
  2. Voir l’histoire de l’association en suivant ce lien[]
  3. Seifel, 270 salariés, est une entreprise malouine spécialisée dans la fabrication d’enveloppes techniques pour la distribution, la protection et le comptage des énergies et des fluides[]

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