Déjà, s’il arrêtait de fumer, il aurait plus d’argent !

Vous en avez certainement entendu parler, ce 1er novembre 2024 a débuté le mois sans tabac.

Près de 78 000 décès sont imputés au tabagisme par année, un nombre qui ne cesse d’augmenter depuis 1980 selon les chiffres de l’observatoire français des drogues et des toxicomanies.  En un mois, selon le site dédié à cette opération, on a relevé 133 338 participants, ce qui représente à peu près 1% de la communauté des fumeurs estimée à 12 millions de personnes en 2022.

Un fumeur voit son espérance de vie diminuer d’en moyenne 8 années par rapport à un non-fumeur, autrement dit l’espérance de vie qui est à 79,3 ans pour les hommes et à 85,5 pour les femmes (inégalité homme femme quand tu nous tiens !) passe à 71,3 ans pour les hommes, et 77,5 pour les femmes.

Le marché du tabac en France est évalué à 16 milliards d’Euros. L’augmentation du prix du paquet compense pour le moment la diminution du nombre de fumeurs.

Chaque fumeur dépense donc en moyenne 3 600€ par an (1 125€ par an en 2017) en tabac, cigarettes et papiers à cigarettes, soit 9,86€ par jour en moyenne. Bien entendu, de grandes différences existent entre les gros et les petits fumeurs.

Au global, même si l’État gagne de l’argent dans ce business fumeux, le coût total est loin d’être en sa faveur. puisque le coût social total annuel est estimé à 156 milliards d’Euros.

Selon un baromètre établi par l’agence nationale Santé Publique France, la proportion de fumeurs la plus forte se trouve dans la catégorie la plus précaire des français.

C’est aussi la catégorie qui a le plus de difficultés à décrocher du tabac. Décidément ça coûte cher d’être pauvre !

Déjà s’il arrêtait de fumer il aurait plus d’argent !

Ben oui, c’est sûr, Marie-Claude1 ! En qualité d’assistante sociale, vous savez bien ce qui pourrait améliorer la situation de Nicolas S., chômeur et fumeur. Sauf que… il faudrait lire de toute urgence « Les gens de peu » de Pierre Sansot, édité pour la première fois en 1991. Ce philosophe disparu en 2005 avait une affection particulière pour ce monde dont on ne parle pas beaucoup, la France des campings, celle du bricolage.

Dans son livre sociologique très agréable à lire, très accessible, ce qui est assez rare dans ce domaine pour être souligné, Pierre Sansot éclairait sur la capacité à profiter de l’instant chez ceux dont les fins de mois sont parfois difficiles et l’avenir incertain. Presque paradoxalement, ceux dont la vie ne permet pas d’investir dans l’immobilier, de partir en vacances ou de fréquenter les bonnes tables ont une propension plus importante que la moyenne à profiter de l’instant. Autrement dit, puisque l’avenir est incertain le goût pour ce qui se vit dans l’instant est exacerbé.

Et justement, c’est tout à fait le drame de la cigarette et de son arrêt, et la raison pour laquelle cette catégorie de la population fume le plus et a le plus de mal à arrêter de fumer : vous pouvez interroger les fumeurs qui sont autour de vous, à part ceux dont le déni atteint des niveaux élevés  (auquel cas soyez cool avec eux ;-)) la grande majorité des fumeurs aimerait n’avoir jamais commencé à fumer. Un aveu qui montre le niveau de dépendance à la cigarette.

Mais voilà, arrêter de fumer c’est se priver d’un plaisir immédiat, se confronter à une frustration et à un manque puissant, qui ne disparaîtra au mieux qu’au bout de plusieurs jours, pour un hypothétique  bénéfice pour la santé (puisque le risque d’avoir un cancer l’était tout autant).

Alors, chers tous, si vous œuvrez contre le tabagisme, quelle que soit la force de vos arguments, n’oubliez pas un truc, quand la vie a fait qu’on ne peut pas mettre de l’argent de côté pour l’avenir, on a du mal à faire pareil avec le plaisir. Alors sans doute faudrait-il accompagner  les campagnes de prévention sur le tabagisme d’une réflexion sur ce qui fait la dépendance, car au-delà des principes chimiques se trouve la précarité de la vie. Encore une bonne raison de lutter contre.

Le thème du festival Nikon 2016 était « Une rencontre ». St-Aubin, jeune chanteur qui a un petit air de Batlik, a présenté son titre « Je suis une cigarette« . Une bonne occasion pour le découvrir !

Historique de la réglementation autour du Tabac

– 9 juillet 1976: la loi Veil impose des informations et la mention « abus dangereux » sur les paquets de cigarettes, interdit la publicité directe ou détournée et le parrainage des compétitions sportives. Le tabac est prohibé dans les lieux publics où fumer peut avoir des conséquences dangereuses pour la santé (locaux qui reçoivent des mineurs, hôpitaux, locaux où l’on manipule l’alimentation).
– Octobre 1986: la distribution « troupes » aux militaires est supprimée.
– 10 janvier 1991: la loi Evin interdit le tabac dans les locaux à usage collectif et les transports, sauf en zone « fumeurs ». Le « message sanitaire » des paquets de cigarettes est renforcé, clarifié et une marque de tabac ne peut plus faire aucune publicité, même pour un autre produit. La vente de tabac est interdite au moins de 18 ans.
– 31 juillet 2003: une loi interdit les paquets de moins de 19 cigarettes, la vente de tabac aux moins de 16 ans, abaisse le taux maximal de goudron de 15 à 12 mg et retire le tabac de l’indice des prix, ce qui permet de l’augmenter fortement.
– 26 juillet 2005: une loi interdit les paquets de moins de 20 cigarettes, impose la mention « Fumer tue » ou « Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage », ainsi qu’une série de messages alertant sur la toxicité du tabac.
– 15 novembre 2006: un décret impose l’interdiction totale de fumer dans tout lieu public, y compris les entreprises, à compter du 1er février 2007. Cafés, tabacs, restaurants et discothèques ont jusqu’au 1er janvier 2008 pour s’y conformer. Dans les lycées et collèges, l’interdiction s’étend aux cours de récréation.
– 21 juillet 2009: une loi interdit sous peine d’amende de vendre tout produit du tabac aux mineurs, y compris les « ingrédients » comme « le papier, le filtre, les encres et les colles ». Elle entre en vigueur le 27 mai 2010, avec la parution du décret d’application.
– 20 avril 2010: un arrêté du ministre de la Santé impose des images chocs et dissuasives sur les paquets de cigarettes: 14 clichés (poumons noircis, dents abîmées etc….) sont choisis sur une liste proposée par l’Union européenne. Les fabricants ont un délai d’un an pour écouler les stocks existants et se mettre en conformité avec la nouvelle législation.
– 16 février 2011: arrivée en France des premiers « paquets chocs », avec photos en couleurs, avant leur généralisation le 20 avril. Les fabricants ont cependant eu gain de cause sur les associations anti-tabac car ces images chocs n’occupent que 40% de la surface et seulement sur le dos du paquet.
– 25 septembre 2014: la ministre de la Santé Marisol Touraine annonce que la France va adopter le paquet de cigarettes neutre pour le rendre moins attractif. Le tabac sera interdit dans les espaces publics de jeux pour enfants et dans les voitures transportant des enfants de moins de 12 ans, tout comme le vapotage dans certains lieux publics.
– 21 novembre 2017 : Au Tiffany’s à Rennes ça sent encore un peu la cigarette dans la salle des billards

  1. Vous ne la connaissez pas, moi oui, et c’est ce que notre collègue nous a dit en parlant d’une personne dont elle suivait le dossier[]

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